REX de notre participation à la Convention Internationale IACDE 2023

le 22/11/2023 par Alexandra BUOR

Alexandra BUOR, notre experte Design & 3D prend la parole pour vous partager son expérience de la dernière convention de l’IACDE, qui s’est déroulée les 28 et 29 septembre derniers à Rome.

 

Qu’est-ce que l’IACDE ?

 

 

L’IACDE est une organisation qui a été fondée en 1910 par des maîtres tailleurs américains et italiens, pour partager leur savoir-faire. Aujourd’hui l’IACDE rassemble autant des marques de mode internationales, que d’industriels, mais également des artisans en provenance des quatre coins du monde. L’objectif de l’IACDE est de permettre le partage de connaissances techniques dans la conception du vêtement entre professionnels et de faire avancer l’industrie de la mode.

 

 

Pourquoi avoir rejoint cette association ?

 

Vous le savez, j’ai évolué dans le milieu de la mode, étant tantôt développeur produit, chef de projet textile, et désormais, experte de la 3D. Mon rôle de consultante rend la veille nécessaire.

 

Toujours à la recherche de nouvelles approches et cas d’études dans la mode (particulièrement autour de l’utilisation de nouvelles technologies comme la 3D), j’ai tout de suite été motivée à l’idée d’adhérer à cette association. Apprendre en partageant ses idées et méthodes, dans le but de faire progresser l’industrie lors d’une convention des professionnels ? C’était évident que je devais y participer.

 

L’IACDE prône une vraie simplicité et une réelle bienveillance, qui permettent d’avoir des échanges libres et constructifs et contribuent ainsi à l’émergence de nouvelles idées. L’IACDE, c’est aussi, la réunion de membres issus de différents pays (Amérique du Nord, de Scandinavie, d’Europe et du Japon) et cette diversité culturelle est une aubaine pour favoriser des échanges inspirants.

 

 

Retour sur l’édition 2023

 

Cette année, la convention s’est déroulée à Rome, soit le lieu incontesté des maîtres tailleurs en sur-mesure qui excellent dans l’art du costume parfait.

 

 

Les principaux thèmes abordés ont tourné autour de sujets clés tels que :

1 – L’intégration de solutions 3D dans le domaine de l’artisanat du sur-mesure,

2 – Le développement durable dans l’industrie de l’habillement,

3 – Les stratégies de relocalisation.

 

 

1 – L’intégration de solutions 3D

 

Lors des différentes conférences et échanges, j’ai été ravie de voir que l’art de la confection sur-mesure n’excluait pas l’utilisation de la technologie 3D. Bien au contraire, ce milieu perçoit tout l’intérêt de ces outils, tant pour la facilitation qu’il permet, notamment pour le travail à distance, que dans un rôle de catalyseur pour les idées novatrices. Bien sûr, j’ai toujours été convaincue des multiples bénéfices de la 3D, mais rencontrer d’autres professionnels qui partagent cette conviction me rassure quant à l’avenir de l’industrie de la mode.

 

Durant la convention, Hugo Boss et Scott Sports ont partagé leurs expériences de l’intégration de la technologie 3D sur l’ensemble du cycle de développement produit. Cela nous a permis d’acquérir des connaissances précieuses dans les étapes de l’implémentation et dans la réussite de leur projet. Il est essentiel de souligner qu’un projet 3D ne peut réussir que si la direction intègre cet outil dans la stratégie de l’entreprise et que les ambitions sont bien définies. Dans le cas contraire, il sera vain. Cela m’a conforté de l’entendre, et il m’est difficile de ne pas sourire car c’est l’un des conseils que je donne depuis le début de mon aventure avec la 3D.

 

 

2 – Le développement durable dans l’industrie de l’habillement

 

L’un des autres thèmes importants qui a été largement exploré est le développement durable. Il a été force de constater que chaque pays a sa propre définition et sa propre perspective du développement durable et de l’éco-responsabilité. Mais chacun s’accorde sur le fait que l’enjeu est tel que le changement doit s’opérer au niveau mondial et non individuellement pour être aligné et avancer dans la globalité.

 

Une majeure partie des marques ou fournisseurs présents (Freudenberg, Chargeurs PCC, BESTE SPA pour en citer quelques-uns) mènent des actions dans des initiatives d’éco-responsabilité, qu’il s’agisse de l’optimisation de l’utilisation de l’énergie, du recyclage des matériaux et de l’eau ou de l’adoption de produits éco-conçus.

 

Nous avons eu la chance de participer à l’intervention de l’économiste Mr Fabio Scaciavillani. Il nous a ramenés à l’histoire des conflits économiques, sociaux et politiques mondiaux qui ont façonné le marché de la mode d’aujourd’hui. Le plus troublant a été de réaliser que la situation dans laquelle nous nous trouvons était inévitable, compte tenu des décisions qui ont été prises depuis des décennies. Cependant, des solutions existent et il est encore possible de changer le cours de l’histoire de l’industrie de la mode, si nous agissons ensemble et à TOUTES les étapes de la conception du vêtement.

 

 

3 – Les stratégies de relocalisation

 

Pour finir, nous avons abordé les stratégies émergentes qui rallient développement durable et savoir-faire. Après plusieurs heures d’échanges, nous étions tous unanimes : la relocalisation respective de chaque pays est un passage obligatoire pour aller vers un développement durable et écoresponsable. Pour faire face aux coûts, il sera également essentiel de se reposer sur les nouvelles technologies comme la 3D pour minimiser l’impact écologique, automatiser au maximum la fabrication afin d’être compétitif. Il faut désormais capitaliser sur des stratégies émergentes pour contrer les erreurs du passé et revenir vers un équilibre plus sain pour les futures générations et notre planète.

 

Néanmoins, le savoir-faire reste le maître du jeu. La relocalisation ne fonctionnera que si les acteurs ont des connaissances techniques et une industrie encore présente au sein du pays. Malheureusement certains pays comme les USA ont constaté la dure réalité ; il n’existe plus de fournisseurs de matières et composants ou d’usines sur leur territoire car tout provient presque exclusivement de l’exportation. Le savoir a également disparu au sein des marques. Les stylistes ne travaillent plus que sur des produits finis et n’ont plus le savoir-faire technique pour concevoir des vêtements. Alors comment avancer quand il y a tout à reconstruire ?

 

C’est au Portugal, que nous pouvons puiser de l’inspiration. En effet, le Portugal est l’exemple d’un franc succès de relocalisation. Après des années stagnantes (baisse du CA d’exportation), souffrant de la délocalisation comme beaucoup d’autres pays européens dans les années 2000, le Portugal a su faire renaître son parc de fournisseurs de matières et d’industriels. L’une des stratégies gagnantes a été de fusionner l’ensemble des associations de diverses typologies de produits (matières, maille, teinture, agents etc…) en une seule association ‘’Associação Têxtil e Vestuário de Portugal” (association du textile et du vêtement portugais). Cette fusion a permis :

– De promouvoir les forces de l’industrie textile au Portugal auprès des marques : leur savoir-faire, la proximité et une capacité d’adaptation aux besoins (la possibilité de produire en petites quantités comme de grandes.)

– De mener des actions communes pour faire avancer le secteur sur les grands projets de RSE.

 

Le chiffre d’affaires généré par les exportations vers la France a augmenté de 40 % entre 2019 et 2022.

 

 

Le mot de la fin

 

L’industrie de la mode se transforme et est à la recherche de solutions pour devenir une industrie plus vertueuse. Les stratégies de relocalisation et de digitalisation des processus de développement semblent être les solutions gagnantes pour répondre à cet enjeu de développement durable.

 

Crédits photos © : IACDE

le 22/11/2023 par Alexandra BUOR