Bien comprendre l’affichage environnemental et la collecte des données dans le secteur du textile

le 24/08/2023 par Laure GALLAND

Le secteur du textile est confronté à une série de défis majeurs en matière de durabilité et de respect de l’environnement. C’est dans ce contexte que les lois AGEC et Climat & Résilience ont été adoptées. Ces deux dispositifs législatifs ont été conçus pour répondre aux enjeux pressants du changement climatique, de la consommation excessive des ressources et de la lutte contre la pollution.

 

 

D’un côté, la loi AGEC encourage la mise en œuvre de pratiques écoresponsables tout au long de la chaîne de valeur, de la conception des produits jusqu’à leur fin de vie. De l’autre, la loi Climat et Résilience, adoptée en France en 2021, incite les entreprises du secteur du textile à intégrer des pratiques respectueuses de l’environnement et à rendre compte de leur empreinte carbone.

 

Face à ces nouvelles réglementations, le secteur du textile doit repenser ses modèles de production, de distribution et de consommation. Il est désormais essentiel pour les entreprises d’innover pour réduire leur empreinte écologique, favoriser la recyclabilité des produits, améliorer la traçabilité de leur chaîne d’approvisionnement et promouvoir une consommation plus responsable.

 

Néanmoins, la mise en conformité prend du temps, et en parallèle, le calendrier des échéances avance à vitesse grand V. Alors comment faire face à ces grands défis ? On passe le sujet au crible dans ce nouvel article.

 

Commençons par un point récap sur le calendrier :

 

 

Concrètement, comment se traduit l’application des lois AGEC et Climat & Résilience ?

L’affichage environnemental

 

Il s’agit d’un visuel à apposer sur les emballages ou supports de communication des produits textiles et qui mentionnent l’impact climatique et écologique d’un produit. Celui-ci se traduit pour un score entre A et E. Il prend en compte :

• Les Emissions de Gaz à Effet de Serre (EGES)

• Les atteintes à la biodiversité

• La consommation d’eau ou d’autres ressources naturelles.

 

Sur quelle méthode se base cet affichage environnemental ?

– La méthode décrit précisément le calcul d’une performance environnementale basée sur l’analyse du cycle de vie (ACV), selon une approche multi-étape et multicritère et comment cette performance est affichée (note / score).

– Au moins 3 entreprises différentes minimum s’engagent à tester la méthode avec des études de cas sur des produits réels.

 

À ce jour, 11 solutions ont été analysées et sont en cours d’expérimentation chez plusieurs marques de prêt-à-porter et de luxe. Parmi ces solutions, on retrouve notamment :

🔸 Fairly Made

🔸 Glimpact

🔸 Footprint Target (Green Score Capital)

🔸 Good Fabric

🔸 Clear Fashion

🔸 UIT

🔸 YuKan

🔸 EcodesignScore (DEFI)

(Liste non complète)

 

Même si l’approche est similaire, les 11 solutions n’utilisent néanmoins pas les mêmes méthodes de calcul. Il y a d’un côté :

• Le socle ADEME (développé en France par l’ADEME), qui utilise principalement des indicateurs liés aux émissions de gaz à effet de serre

• Le socle PEF (Product Environmental Footprint, développé pour l’ensemble des pays de l’Union Européenne par la Commission européenne), qui se base sur des indicateurs plus larges tels que, l’écosystème, la santé humaine, le changement climatique, l’eau, le sol et les ressources naturelles.

 

Pour voir à quoi ressemble concrètement cet affichage, n’hésitez pas à consulter notre article Focus sur 4 plateformes environnementales.

 

Dans le cadre de l’analyse de ces solutions, l’ADEME a mandaté le cabinet In Extenso Innovation Croissance pour évaluer les différentes expérimentations. Ce travail d’évaluation des solutions afin de valider les critères et les méthodes de calcul associées est toujours en cours.

 

Dans ce contexte, la secrétaire d’Etat à l’Ecologie, Bérengère Couillard a annoncé en mars 2023 les 8 critères d’impact environnemental qui seront approfondis. Il s’agit de :

✔️ La consommation d’eau utilisée pour la fabrication des matières

✔️ La durabilité physique des textiles

✔️ La valorisation de conditions de production en France ou en Europe

✔️ Les enjeux liés à l’utilisation de pesticides et de produits chimiques lors de la fabrication des textiles

✔️ Les enjeux liés aux rejets de micro plastiques

✔️ Les conditions de valorisation des matières recyclées

✔️ Les conditions de valorisation des textiles reconditionnés, qui sont réparés et remis sur le marché

✔️ La possibilité de prendre en compte l’impact de la fast fashion au travers des incitations à racheter ou des incitations à réparer les vêtements.

 

Si l’ambition était d’aboutir à une première version de la méthode de calcul pour l’été 2023, un retard était déjà prévu et le récent changement de poste de Bérengère COUILLARD risque de l’accentuer.

 

Voici le dernier calendrier à date :

 

 

Source : https://expertises.ademe.fr/economie-circulaire/consommer-autrement/passer-a-laction/reconnaitre-produit-plus-respectueux-lenvironnement/dossier/laffichage-environnemental/affichage-environnemental-secteur-textiles-dhabillement-chaussures-experimentation-20212022

 

Si l’affichage environnemental a pour objectif de donner aux consommateurs une information claire et harmonisée de l’impact environnemental des produits qu’ils achètent, plusieurs questions se posent néanmoins pour le rendre transparent :

• Comment mesurer l’impact environnemental d’un produit ?

• Comment rendre compréhensible cet impact pour un consommateur ?

• Comment éviter le greenwashing (volontaire ou involontaire) ?

• Comment s’assurer que les notes représentent bien la réalité ?

 

Quelle que soit la méthode de calcul utilisée, la première étape sera la même pour tout le monde : il faut réaliser des analyses de cycle de vie sur l’ensemble du catalogue produit. Cela nécessite de pouvoir le faire efficacement, en autonomie et de manière automatisée.

 

L’analyse de cycle de vie, un levier indispensable au calcul de son impact environnemental.

 

 

L’analyse de cycle de vie est un outil d’évaluation des impacts environnementaux et surtout un véritable référentiel de données. Il recense et quantifie les flux physiques de matières & d’énergie et atteste de la crédibilité de la démarche environnementale.

 

Le rôle de ce référentiel est aussi de faciliter la tâche aux entreprises et de permettre, entre autres, d’avoir des valeurs par défaut (appelées données semi-spécifiques) pour combler des informations non trouvables et arriver rapidement à des résultats d’impacts, puis à la note.

 

Ces ACV doivent être réalisés en amont, ou dès la mise en œuvre des plateformes. Attention néanmoins, la mise en place de process efficaces peut prendre entre 6 mois et 1 an et demi. Alors, vu le calendrier, autant se pencher sur le sujet dès maintenant !

 

Et maintenant, il faut s’attaquer à la collecte et à la gestion des données. En effet, avant de pouvoir communiquer sur l’ecoscore d’un produit, il est nécessaire de collecter l’ensemble des données liées à son développement. Et c’est loin d’être une étape facile à gérer car il implique différents acteurs : fournisseurs, usines, fabricants, etc.

 

Cette collecte peut s’avérer assez longue. En effet, suivant le nombre de données à collecter et la précision demandée, elle peut durer entre 3 et 21 jours pour 12 produits maximum. De même, ce temps va varier suivant la taille de l’entreprise et les moyens qu’elle va pouvoir mettre en place pour la collecte, ainsi que sa maturité face aux sujets environnementaux.

 

Ensuite et suivant les méthodes spécifiques des plateformes environnementales, des vérifications plus ou moins nombreuses et chronophages vont être mises en place. Mais alors, qui se charge de collecter les données ? Il y a deux cas de figures :

1️⃣ La plateforme environnementale : qui va récolter la data par connexion à un portail accessible par les fournisseurs, par mail ou par prise de contact en direct avec les fournisseurs

2️⃣ La marque : qui va essayer de récolter le plus d’informations possibles de la part ses fournisseurs et de retracer les différentes étapes de fabrication de ses produits.

Dans les deux cas, il faudra sélectionner le bon niveau d’information. À noter également que toutes les informations de traçabilité sont liées au fabricant, ce qui rend le fournisseur central.

 

Pour faciliter la collecte et la gestion de ces données, le PLM reste un outil particulièrement adapté. En effet il va vous permettre de gérer toutes les informations relatives au fabricant, mais aussi de gérer les certificats (Reach, Oeoko tex…) les dates d’effectivité des certificats, de vous fournir les alertes si les documents dans le PLM sont obsolètes, gérer des audits de fournisseurs, des actions correctives etc.

 

Voici un exemple de gestion des données de traçabilité, avec l’utilisation d’un PLM :

 

 

La marque développe et référence ses produits dans un PLM. On y trouve donc les informations du produit, sa nomenclature avec la liste des matières, les informations d’approvisionnement matières et produits avec la liste des fournisseurs.

 

Ces informations vont être stockées par interface dans un Data hub qui va être la base de référence des différents systèmes pour la collecte de ces informations. Dans notre cas les informations sont envoyées par API à la plateforme environnementale. Commence alors la phase de récolte des données citée précédemment. Des emails, appels téléphoniques ou ouverture d’accès à un portail sont envoyés aux différents fournisseurs.

 

Une fois les données collectées et le calcul du score et des différentes composantes effectué, ces infos peuvent être renvoyées au client. Elles pourront être rendues accessibles via une URL, qui apparaîtra sur la page produit du site client ou par un QRCode à scanner sur l’étiquette en magasin.

 

Pour résumer, voici ce qu’il faut retenir de la mise en application des nouvelles réglementations :

1️⃣ Le Ministère de la Transition Ecologique annonce des contrôles dès 2023, alors attention aux amendes qui peuvent aller jusqu’à 15000€ par produit pour une personne morale

2️⃣ L’Affichage Environnemental nécessite des ACV alors veillez à ne pas négliger cette phase

3️⃣ La collecte des données prend du temps (en termes d’organisation et de délais), il ne faut donc pas sous-estimer cette étape

4️⃣ Le PLM est l’outil idéal pour collecter et gérer les données avec l’ensemble de votre écosystème. Si ce n’est pas encore fait, penchez-vous rapidement sur sa mise en place afin de gagner en temps et en efficacité par la suite. N’hésitez pas à contacter un membre de notre équipe pour obtenir davantage d’informations et un accompagnement adapté.

5️⃣ Enfin, pour vous familiariser avec les plateformes environnementales (si ce n’est pas déjà fait), n’hésitez pas à utiliser la plate-forme ecobalyse.

 

 

Source image : Traçabilité textile

le 24/08/2023 par Laure GALLAND